La langue
La région du sud-ouest a fait sa contribution à l'histoire
de la langue française. Le père Pierre Philippe Potier,
premier curé de l'Assomption, arrive au Détroit en 1744.
Né en Belgique, it s'intéresse au parler des Canadiens
et commence dès son arrivé à noter dans un cahier
les mots et les expressions qu'il ne connait pas. Pas moins de 63 parmi
les centaines de vocables qu'il relève dans la région sont
des premières attestations, c'est à dire des mots ou des
sens relevés pour la première fois en français écrit.
Voici une douzaine de mots qui font aujourd'hui partie du français
général, relevés pour la première fois dans
la région du Détroit:
couette: mèche de cheveu retenue par une barette
crépissage: action de crépir un mur
débiter: couper (de la viande) en morceaux
éponger: étancher un liquide avec une éponge
équipement: ce qui sert à équiper une personne ou
un animal
flâner: se complaire dans une douce inaction
gaffer: prendre, voler
galipote (courir la galipote): avoir de nombreuses aventures galantes
retaper: rouler, tromper quelqu'un
soue: étable à cochon
tapager: faire du tapage
tapé: fou ou un peu fou
Grâce à son isolement, le français du Détroit
a évolué en parler régional qui dans bien des cas
est aussi distinct que celui des Acadiens. Plusieurs mots qu'on entend
dans la région ne semblent pas être attestés ailleurs;
d'autres étaient connus autrefois mais sont en train de disparaître
du français standard propagé par le système d'éducation
et les mass-media:
bousure: petite armoire
cabastra: cabestan, servant à retirer des seines
chat sauvage: râton-laveur
chelin: shilling, ancienne mesure monétaire anglaise; deux chelins
= $0.25, quatre chelins = $0.50
corps: blouse ou chemise
foutreau: vison
galafe: gourmand, glouton
mèche: longue durée de temps
rave: radis
roulin: vague sur la mer ou autre cours d'eau
tailler: faire un grand effort; travailler très fort
téteux de vache: serpent constricteur souvent trouvé dans
l'écurie (Lampropeltis triangulum)