La fin de Moraviantown
(extrait de Les Moraviens dans le Haut-Canada: le journal de la mission indienne de Fairfield sur la
Thames, p. 513 à 514)
Le 6 octobre [1813]. Aujourd'hui a été pour nous une journée difficile et affligeante. Le pillage, en particulier pour la nourriture, a commencé tôt le matin. Nous avons dû renoncer à notre dernière bouchée de pain. Par peur des nombreux guerriers de passages, nous avions rangé dans nos celliers cinquante boisseaux de pommes de terre, douze boisseaux de pommes et autres légumes ainsi que six cents livres de farine que nous avions achetés avec de l'argent liquide. Dix ruches, pour la plupart chargées de miel, ont également été dévorées. Ils ont versé le miel hors des ruches sans d'abord tuer les abeilles et l'essaim a entouré les soldats qui se régalaient. Tandis que le saccage se déroulait, le général Harrison et plusieurs officiers sont arrivés en ville. Tout d'abord, nous avons été soulagés étant donné que nous pensions qu'il ferait régner la justice. Le F. Schnall [le chef des missionnaires] l'a abordé immédiatement et lui a demandé de nous protéger contre la cohue sauvage et de nous rembourser pour les marchandises qui nous avaient été volées. Il a répondu sèchement : "Vous pouvez partir mais vous ne serez pas remboursés!" Lorsque le F. Schnall a voulu rajouter quelque chose, il l'a coupé court, disant qu'il n'avait pas le temps d'écouter. Le
commodore Perry, qui avait tout entendu, a rencontré le F. Schnall dans la rue après. Il a été très amical et a dit qu'il connaissait et respectait notre société et nos missions. Il va nous aider à obtenir un laissez-passer, a-t-il dit, afin que nous puissions partir indemnes. ... Vers midi, le commodore nous a dit qu'il allait bientôt partir pour la colonie et qu'il avait peur que si nous restions là après son départ, nous ne pourrions pas nous échapper du tout. Le général Harrison nous a dit également, de son ton cassant, : "Arrangez-vous pour quitter la ville!" Nous avons également entendu dire que la ville devait être réduite en cendres. Nous nous sommes dépêchés de partir. ... En vitesse, nous avons chargé le chariot et quitté Fairfield [Moraviantown] le coeur lourd. De notre départ, nous pouvons seulement dire que nous avons été flanqués à la porte de la ville. Si on nous avait donné quelques jours, nous aurions vendu nos meubles, fours, tables, garde-robes, vaches, cochons, etc. pour quelques centaines de dollars. Cependant, nous n'avons pu rien faire d'autre que de tourner le dos à tous. Nous avons pu discerner dans le comportement des soldats que, si nous ne partions pas, nous allions perdre aussi ce que nous avions empaqueté. Après notre départ, on nous a dit qu'une partie de Fairfield avait été brûlée. Le lendemain, tout le reste s'est embrasé...
![]() Acteurs reconstituant la bataille de la Thames |
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![]() Acteurs reconstituant l'incendie de Moraviantown |