Lettre du capitaine Barclay à Sir James Yeo [commandant de la marine royale sur les Grands Lacs]

(extraite de Sélection de Documents britanniques sur la guerre canadienne de 1812, Tome 2, p. 274 à 276]


L'ancien navire Détroit de Sa Majesté
Baie de Putin, Lac érié, le 12 septembre 1813

Monsieur, 
Dans la dernière lettre que j'ai eu l'honneur de vous écrire en date du 6 du courant de ce mois, je vous informais qu'à moins de recevoir un avis certain de l'arrivée d'un renfort de marins à Amherstburg, je serais obligé de naviguer avec l'escadrille toute déplorablement équipée qu'elle soit, pour combattre l'ennemi (qui a bloqué le port) pour nous permettre de nous procurer des provisions et des stocks de toutes sortes, le poste étant si parfaitement dépourvu de provisions, qu'il n'y a même pas la ration d'un jour de farine en réserve, et que l'équipage de l'escadrille sous mon commandement est en demi- ration de beaucoup de choses et quand ceci sera épuisé, il n'y aura plus rien; tels sont les motifs qui ont amené le général de division Procter ... à convenir de la nécessité de risquer une bataille malgré les nombreux inconvénients sous lesquels j'opère, et il m'incombe maintenant de m'acquitter de la triste tâche de vous raconter la conclusion malheureuse de cette bataille, ainsi que des nombreuses circonstances fâcheuses qui ont mené à cet événement.

Aucun renseignement sur les marins n'étant parvenu, je suis parti le 9 courant, m'attendant tout à fait à rencontrer l'adversaire le matin suivant, étant donné qu'ils avaient été repérés dans les îles et je ne me trompais pas, car, peu de temps après le lever du jour, ils sont aperçus en route à la baie de Putin, le vent étant alors au sud-ouest et léger, nous donnant l'avantage du temps; -- Je me suis alors approché dans l'espoir de les pousser à se battre dans les îles mais cette intention a bientôt échoué quand le vent a viré soudainement vers le sud-est, ce qui a amené l'adversaire directement du côté du vent. La bataille du lac érié

La bataille du lac érié

La ligne a été formée selon un plan donné, afin que chaque navire puisse être soutenu contre la force supérieure de deux bricks qui leur étaient opposés; -- Vers environ 10 h, l'adversaire a quitté les îles et s'est approché immédiatement, navigant facilement, dans une ligne de front, chaque brick étant soutenu par les petits vaisseaux; -- à midi moins le quart, j'ai commencé la bataille en tirant quelques coups de canon à longue portée; à midi et quart, le commodore américain, également soutenu par deux schooners, ... a engagé un combat direct, avec le Detroit, l'autre brick de l'ennemi, apparemment destiné à combattre avec le Queen Charlotte, également soutenu par deux bricks, tenu si loin au vent de manière à rendre vaine la caronade du 24 livres du Queen Charlotte, alors qu'il est avec le Lady Provost, exposé au tir lourd et destructif du Caledonia, et de quatre autres schooners,...

épée navale

épée navale

Pistolet utilisé dans la marine

Pistolet utilisé dans la marine

Canon provenant d'un navire

Canon provenant d'un navire

Le combat a continué avec beaucoup de fureur jusqu'à quatorze heures trente, lorsque j'ai vu mon adversaire battre en arrière, et un bateau le dépassant jusqu'au Niagara (lequel vaisseau était parfaitement frais à ce moment-là); le commodore américain voyant que jusqu'à présent le jour était contre lui (son vaisseau ayant touché peu après qu'il l'ai quitté) et également l'état sans défence du Detroit, lequel navire était maintenant une épave totale, principalement en conséquence du feu épouvantable des canonnières, et aussi que le Queen Charlotte, était dans une telle situation que je ne pouvais recevoir que peu d'aide de lui, et le Lady Provost, étant à ce moment-là trop loin sous le vent, son gouvernail étant endommagé, a fait un noble, et hélas, trop réussi effort de le regagner, car il a maintenu son navire et soutenu de ces deux petits vaisseaux, est passé à portée des coups de pistolet, et a pris une position épouvantable sur notre proue, et je n'ai pas pu l'éviter, étant donné la malheureuse situation du Queen Charlotte nous a empêché de tourner, et en essayant, nous sommes tombés à son bord; mon vaillant lieutenant de vaisseau Galin est maintenant mortellement blessé et moi-même si gravement que j'ai été obligé de quitter le pont.

équipée comme l'était l'escadrille, avec moins de cinquante marins britanniques, le reste un équipage mélangé de Canadiens et de soldats, qui sont totalement ignorants de ce service, ont fait que la perte des officiers s'est ressentie plus sensiblement, et jamais dans un combat fut la perte plus grave, tous les officiers commandant des vaisseaux et leurs seconds, ont été tués soit blessés si grièvement qu'ils n'ont pas pu rester sur le pont...

Le capitaine Perry, s'est comporté de la manière la plus humaine et prévenante, non seulement envers moi-même et les officiers, mais envers tous les blessés.
J'espère que, bien que n'ayant pas réussi, vous approuverez les motifs qui m'ont poussés à naviguer, malgré tant d'inconvénients et qu'il pourra être prouvé plus tard qu'en de telles circonstances, l'honneur du drapeau de Sa Majesté n'a pas été terni.
Vous trouverez ci-joint la liste des morts et des blessés, et je vous prie d'agréer,

Monsieur
L'expression de ma considération distinguée.
R H Barclay, commandant et ancien officier supérieur