Le Progrès
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Introduction

Les Frères Pacaud

Fonctionnement du Journal

Politique Éditoriale

Le Progrès et les autres Journaux

Journalisme de l'Époque

Nouvelles Nationales et Internationales

Amusements
 

Le Progrès est imprégné de politique depuis son premier numéro jusqu’à son dernier et il serait impossible ici de tracer en grand détail le développement et l’évolution des divers volets de sa pensée politique ; l’esquisse qui suit ne peut qu’indiquer les grandes lignes dans l’espoir de susciter des recherches plus approfondies dans ce domaine. Les liens serrés entre la famille Pacaud et les Libéraux de Wilfrid Laurier ne laissent aucun doute sur l’affiliation politique du Progrès. À première vue, l’alignement initial du journal avec le parti Conservateur semble incompréhensible ; il paraît cependant que cette identité n’était qu’un artifice servant à établir un front pour le parti Libéral à Windsor. Du moins, c’est ce que laisse entendre un éditorial publié en 1895 . De toute façon, la ruse est de courte durée : après un an de publication, Le Progrès affiche ses vraies couleurs . Dorénavant, le journal épousera toutes les causes du parti Libéral.

Un exemple éloquent de la conviction politique et personnelle des frères Pacaud se révèle à partir de l’affaire de la rébellion du Nord-Ouest. L’exécution de Louis Riel par le gouvernement conservateur de John A. MacDonald risque de déchirer le pays ; le débat n’est pas moins féroce à Windsor, où Le Progrès n’hésite pas à dénoncer les Conservateurs en termes des plus injurieux. Gaspard Pacaud participe à de nombreuses assemblées de protestation à travers le comté d’Essex, soulevant la population canadienne-française contre le gouvernement fédéral , , . Les Conservateurs sont désormais « les pendards » ou « le parti de la corde » . D’après le Progrès, le parti Conservateur est anti-français et sous le contrôle des orangistes ; le journal est donc une source inépuisable d’articles et d’éditoriaux soulignant l’infamie des Torys à Ottawa aussi bien qu’à Toronto , , , , . Tout comme les journaux d’aujourd’hui, on aime bien souligner la corruption et les scandales politiques . On peut compter sur Le Progrès pour appuyer toutes les positions du parti Libéral : par exemple, le journal est pour la réciprocité, c’est-à-dire, le libre-échange entre le Canada et les États-Unis , mais décidément contre la prohibition .

Tous les « pendards » ne sont pas à Ottawa ou à Toronto. Windsor a sa propre « clique » de conservateurs francophones, qui, selon le point de vue du Progrès, sont pires que des traîtres. Entre autres, on y retrouve Hyppolite Girardot, le docteur H.R. Casgrain, le docteur J. O. Réaume, Daniel Odette, Francis Janisse et Francis Meloche. On ne se lasse jamais de tourner leurs propos en ridicule et de faire passer leurs idées comme les plus grandes bêtises , , , , .

Malgré leur dévouement au parti Libéral, les frères Pacaud maintiennent que leur première loyauté est envers leur nation (canadienne-française) et non au parti politique. C’est certainement le cas lors de l’élection provinciale de 1902, lorsque Le Progrès refuse d’appuyer le candidat libéral William McKee, qu’on accuse de fanatisme anti-français. Les frères Pacaud soutiennent plutôt le conservateur Alex Réaume , , qu’ils considèrent beaucoup plus modéré dans ses propos.

En fin du compte, les frères Pacaud, implacables contre leurs ennemis, sont plus pragmatiques que fanatiques et font preuve d’une grande flexibilité et ouverture d’esprit. Ils savent aussi garder l’intérêt de leur entreprise en premier plan. Une bonne façon de tracer l’évolution du journal et de ses alliances plutôt fluides est de jeter un coup d’oeil sur les éditoriaux qui paraissent, à quelques années d’intervalles, commémorant les anniversaires du Progrès , , , . Toujours convaincu de la justesse et l’importance de sa mission, le journal pour autant ne perd jamais son sens de l’humour et sait faire rire les gens à ses propres dépens .